Galerie de portraits






 

Pèire Godolin (1580 - 1649)

Noirigat de Tolosa, me plai de mantener son lengatge bèl”. .. dit Godolin.

Pèire Godolin est un poète baroque occitan né en 1580 dans une famille bourgeoise de Toulouse. Après une formation de juriste, il consacra sa vie à l’écriture, et devint une sorte de poète officiel au point d’être pensionné, à la fin de sa vie, par les Capitouls de la ville. Il connut un extraordinaire succès populaire aux XVIIe et XVIIIe siècles. A Toulouse, il est le maître incontournable des “floretas mondinas”. Il a la gourmandise du mot occitan. Son impressionnisme fait d’images et de sonorités intimes va par delà le sens et le sensible jusqu' à “l’identité de l’intuitif”. Il crée le personnage du “pefon”, le “pitre de haut goût” qui intervient dans le prologue des ballets pour faire “déraper” les registres.

Son œuvre maîtresse est le Ramelet Moundi. La publication de ce recueil éclectique rédigé en occitan, s'est étalée de 1617 à 1648. Il comporte des odes, des stances, des sonnets, quatrains et autres (proses carnavalesques, chansons à boire, noëls etc.). Il écrit également des carnavals. Godolin opère la fusion du personnage de Carnaval (de tradition populaire) et du personnage mythologique de Silène (d’origine savante). 

On peut penser que Godolin inspira de nombreux auteurs dont Molière. Légende ou réalité, on peut voir cependant au Capitole de Toulouse (salle du conseil municipal) un tableau d’Edouard Debat-Ponsan 1907 représentant Godolin et Molière (voir iconographie en annexe) ainsi qu’au musée Paul Dupuy à Toulouse, une gravure mettant face à face Godolin et Molière.

Isaac Despuech-Sage (1583-1642)

Écrivain montpelliérain du XVIIe siècle il publie en 1636 un recueil de poésies en langue d’oc intitulé Les Folies du Sieur le Sage. 

Sa poésie carnavalesque rappelle l’univers rabelaisien : « L’embarquement, les conquêtes et l’heureux retour de Caramentrant » s’inspire des voyages de Pantagruel. Ses audaces de pensée et d’expression peuvent se donner libre cours derrière le double écran de l’écriture occitane et du masque du Sage (ou du Fou, par antiphrase).

Philippe Gardy soulignera que chez ce libre penseur de tendance libertine, le choix de l'occitan (langue extérieure au cadre technocratique et idéologique officiel monarchique français) ainsi que la revendication de la folie lui permirent de renforcer sa liberté de ton. 

Il est le “gai poëta” qui n’hésite pas à mettre le masque du satyre pour proclamer les droits de “la musa barbara” en même temps qu’il sait passer les gants de la préciosité pour se rire du snobisme érotico-littéraire des pédantes du Clapàs.

Pierre Gassendi  

Né à Champtercier (près de Digne-les-Bains) en 1592 et mort à Paris en 1655, Pierre Gassendi est un mathématicien, philosophe, théologien et astronome.

Prévôt de la cathédrale de Digne, ce philosophe et astronome critique vivement Aristote, dont la doctrine est enseignée par les Jésuites, car lui-même s’inspire au contraire du poète latin Lucrèce, disciple d’Épicure, à qui l’on doit l’étonnante intuition selon laquelle l’univers entier est formé d’atomes. Sa conception sensualiste de la connaissance l’oppose à Descartes dans une querelle célèbre, mais son nom est cependant un peu oublié aujourd’hui, entre autres parce qu’il écrit en latin, à la différence de Descartes, et qu’il n’est pas du tout mondain, ce qui limite fortement son audience ; il se contente d’échanger une correspondance avec les plus grands noms de son temps, Galilée, Hobbes ou Kepler. Il est invité en permanence à l’Hôtel Luillier, qui devient en quelque sorte un foyer gassendiste regroupant des jeunes hommes cultivés et intelligents, tels que le médecin et voyageur François Bernier, Claude-Emmanuel Chapelle, fils adultérin du haut magistrat Luillier, le maître de maison, le singulier Cyrano de Bergerac, auteur du Voyage dans la lune, qui imagine avant l’heure la montgolfière et le phonographe, et encore le fort célèbre physicien Jacques Rohault, qu’on dit avoir inspiré le personnage du philosophe, dans Le Bourgeois gentilhomme. On y rencontre également des hommes plus mûrs, comme La Mothe Le Vayer, précepteur de Monsieur, frère du Roi, philosophe et historiographe de France.

On ignore si Molière a directement suivi l’enseignement de Gassendi, comme le prétend Grimarest, mais il est sûr qu’il a recueilli sa philosophie : on en trouve en effet de nombreuses traces dans ses comédies, ne serait-ce que dans les propos de Sganarelle dans Dom Juan ou de Béralde, personnage du Malade imaginaire, qui condamne la substitution de la discussion à la recherche de la vérité. D’autre part, il semble que Molière aurait traduit le “ De Natura rerum de Lucrèce “ — ce qui n’est pas sans audace à une époque où l’épicurisme et le matérialisme athée sont très mal considérés —, travail aujourd’hui perdu, parce que, selon Grimarest, un domestique utilisa un jour quelques feuillets de la traduction pour faire des papillottes, et que Molière furieux jeta le reste au feu. Selon Tralage, à la fois amateur de théâtre et neveu du Lieutenant criminel La Reynie (l’équivalent de notre Préfet de Police), cette traduction existait encore en 1682, mais le libraire recula devant des propos si audacieux « contre l’immortalité de l’âme ».

Madeleine BÉJART (1618-1672)

Elle mène une jeunesse assez libre, et a une fille du comte

de Modène en 1639, avant de se consacrer au théâtre et de devenir une comédienne accomplie. Un contemporain, G. de Scudéry, fait d’elle ce portrait élogieux : « Elle était belle, elle était galante, elle avait beaucoup d’esprit, elle chantait bien ; elle dansait bien ; elle jouait de toute sorte d’instruments ; elle écrivait fort joliment en vers et en prose et sa conversation était fort divertissante. Elle était de plus une des meilleures actrices de son siècle et son récit avait tant de charmes qu’elle inspirait véritablement toutes les feintes passions qu’on lui voyait représenter sur le Théâtre. » C’est par amour pour elle, selon Tallemant des réaux, que Molière « quitte les bancs de la Sorbonne » et qu’ils fondent ensemble en 1643 L’Illustre Théâtre. Il ajoute : « Je ne l’ai jamais vu jouer ; mais on dit que c’est la meilleure actrice de toutes […]. Son chef-d’œuvre, c’était le personnage d’Épicharis, à qui Néron venait de faire donner la question, dans La Mort de Sénèque, de Tristan L’Hermite. » On lui doit, en outre, une adaptation du Don Quichotte de Guérin de Bouscal. Dans le registre comique, elle joue d’abord le rôle de Marinette dans Le Dépit amoureux, de Magdelon, dans Les Précieuses ridicules, celui de la Nymphe, dans le prologue des Fâcheux, puis elle s’oriente vers les emplois de servante, telle Dorine, dans Le Tartuffe, ou de femme d’intrigue, comme Frosine dans L’Avare.

Charles Coypeau d’Assoucy, dit Dassoucy,  

Il est né le 16 octobre 1605 à Paris, où il est mort le 29 octobre 1677, est un poète, mémorialiste, compositeur et joueur de théorbe français

Il fréquentait le milieu libertin parisien de l’époque. Émule de Paul Scarron dans le genre de la poésie burlesque, il fut l'ami de Chapelle, de Cyrano de Bergerac et de Molière. 

Plusieurs fois emprisonné pour grivèlerie, dettes de jeu ou propos outrageants, Dassoucy fuit Paris et voyage en province, accompagné d’un âne porteur de luths, violons et partitions, et de deux jeunes pages de musique androgynes, comme pour une tournée artistique.

Il est possible que D’Assoucy ait fait connaissance de Molière et des Béjart dès 1642. Nous savons que Molière et D’Assoucy se sont rencontrés aux Etats de Carcassonne en 1648 lors de la représentation de L’Andromède de Corneille dont Dassoucy avait fait la musique. Dans ses Aventures d’Italie, D’Assoucy prétend même qu’il a travaillé avec Molière sur une chanson : «Vous, Monsieur Molière, qui fistes à Béziers le premier couplet de cette chanson, oseriez-vous bien dire comme elle fut exécutée, et l’honneur que vostre Muse et la mienne reçurent en cette rencontre ». C’est dans « Les Rimes redoublées » que D’Assoucy déclare : 

"J’ai toujours été serviteur / De l’incomparable Molière / Et son plus grand admirateur."

Il accompagne la troupe de Molière entre 1653 et 1655 de Lyon à Pézenas en passant par Avignon, Béziers et Narbonne. Il est probable qu’il compose en leur compagnie et en collaboration avec le musicien maître à danser Paul ou Joachim de la Pierre une partie de la musique du Ballet des Incompatibles donné à Montpellier lors des Etats Généraux du Languedoc en 1655. 

A Montpellier, il est arrêté et emprisonné en 1655 pour sodomie. Il s’enfuit, voyage ensuite en Italie et revient à  Paris vers 1670. L'année suivante, Molière, qui s'est brouillé avec Lully, songe à lui pour le remplacer, avant de porter son choix sur le jeune Marc-Antoine Charpentier (1643-1704). Furieux, le vieux musicien-poète adresse à Molière une lettre très amère, lui affirmant entre autres qu' « il s'en faut d'une paire d'échasses que sa musique soit à la hauteur de vos vers ».



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